The wind of time
Lianzhou Foto Festival 2018
01 décembre 2018–03 janvier 2019

Yann Mingard, Seven Sunsets
Mathieu Bernard Reymond, Trades
Mark Neville, Here is London
Eline Benjaminsen, Where the Money is Made
Tom Wood, The Shipyard
Michele Borzoni, Open Competitive
Vincent Fournier, Man Machine
Lau Wai, Walking to Nam Kok Hotel
Chen Haishu, German Balcony
Mathieu Pernot & Mohamed Abakar, Displacement
Sven Johne, A Journey Through Europe
Salvatore Vitale, How To Secure a Country
Henk Wildschut, Food
Christiane Geoffroy, Virtuose des Granges
Li Zhaohui, Herbs
Robert Knoth & Antoinette de Jong, Poppy
Godfrey Reggio, Koyaanisqatsi
Esther Hovers, False Positives
Jacqueline Hassink, Unwired
Andy Sewell, Known and Strange Things Pass
Oliver Sieber, Imaginary Club
Tobias Zielony, Tankstelle
Sebastian Stumpf
David de Beyter, Big Bangers
Zhou Tao, The Wordly Cave

The wind of time - © GwinZegal
The wind of time - © GwinZegal
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The wind of time - © GwinZegal
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L’éruption, en Indonésie, du volcan Tambora, en 1815, a recouvert le monde d’un ciel de cendres, entraînant des conséquences climatiques sans précédent pour la planète, et plongeant dans la famine des millions de paysans, du Yunnan chinois à l’Europe. Mais ce cataclysme ne sera pas assez fort pour bouleverser la trajectoire des hommes du XIXe siècle — déjà propulsés dans la première révolution industrielle. Cette éruption aura un impact puissant dans l’art et la littérature ; elle fut même pour beaucoup le catalyseur de l’invention de la science- fiction — Mary Shelley, jeune Anglaise fortunée en vacances en Suisse, profitera de cet « été sans soleil » pour se cloîtrer dans son chalet et écrire Frankenstein : une histoire effrayante qui débute, dans une étrange prémonition, par la rencontre d’un homme à la dérive sur un bloc de glace… On doit également à la présence des particules dans l’air les spectaculaires couchers de soleil du peintre britannique William Turner. Au cours des années écoulées depuis cet événement, les hommes ont plongé tête la première dans une forme de modernité jamais rassasiée. Une modernité bercée d’utopies collectives, d’inventions magnifiques, de progrès scientifiques, mais aussi d’atrocités. Ils ont prospéré par l’exploitation cannibale de la terre et par celle d’autres hommes. L’accélération des technologies et des mutations de nos sociétés n’a fait que croître jusqu’à frôler l’emballement : explosion de la démographie, mouvements de populations, modification profonde du monde du travail, intelligence artificielle, trading à haute fréquence, érosion sans pareille de la biodiversité, épuisement des religions et des idéologies… L’ère du « capitalocène » semble atteindre aujourd’hui son apogée et laisse entrevoir ses limites. La photographie aura été bercée par cette ère ; contemporaine et consubstantielle, elle en a été le produit, l’acteur, le témoin. La jeunesse, les générations futures se trouvent devant l’incroyable défi d’un avenir à réhabiliter et à réinventer, avec l’injonction de réagir à une situation dont ils ne sont que les héritiers. Loin de la tradition de photographie humaniste et de la culture du reportage, héritée de l’âge d’or des magazines illustrés d’après guerre — qui bien souvent se focalise sur les conséquences des tragédies de ce monde, en jouant sur la corde sensible de la compassion du spectateur — les artistes d’aujourd’hui osent se frotter aux problèmes de manière plus profonde, à laquelle leurs détracteurs pourront objecter une forme de froideur ou de distance. Ils investiguent un monde bien plus qu’ils ne le décrivent, non pas pour nous en donner les clefs ou pour nous dicter une morale trop évidente, mais pour nous donner les éléments propres à interroger le présent — et penser l’avenir. Leurs pratiques se trouvent à la lisière de l’anthropologie, du documentaire et de l’art, et nous offrent une lecture du monde décalée, en rupture avec celle suggérée par le discours politique ou le commentaire médiatique. À l’instar du photographe Yann Mingard, qui voit dans les ciels de nos villes une étrange corrélation avec les ciels de William Turner après l’éruption du Tambora — comme un autre présage d’un cataclysme à venir, et qui ne serait cette fois-ci pas le résultat du déchaînement aveugle des forces de la nature, mais bien celui de l’impact irrémédiable des activités humaines. Les projets des artistes présentés dans cette édition ont chacun leur propre existence, leur autonomie, leur grammaire, mais ils sont aussi envisagés comme une proposition globale dont les problématiques, les esthétiques se répondent, font écho et participent à une ré exion sur notre temps. Les thématiques abordées s’imbriquent les unes dans les autres. Les mouvements des marchés boursiers, l’évolution des paysages sous l’effet des hommes, les modi cations du monde du travail et de l’industrie, la crise économique, la globalisation, les ux de population, la jeunesse étourdie par une culture mondialisée, la surveillance, la dictature des algorithmes, la manipulation du vivant… sont autant de facteurs d’une même équation.

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