Né à Busan, en Corée du Sud, de parents inconnus, Stéphane Winter se retrouve immergé malgré lui dans la vie d’un couple suisse presque ordinaire — dans un petit appartement de la banlieue de Lausanne. En journée, Robert Winter est mécanicien, Pierrette s’attelle aux travaux ménagers. Dans un huis clos à trois, les soirées du quotidien sont bercées par le ronron de la télévision autrichienne. On s’ennuie un peu, et quand on s’est ennuyé suffisamment, on s’adonne à des jeux de rôles lors de séances photo improvisées. Dans cette banlieue de Lausanne, on est loin de la Suisse des montres et des billets de mille. Chez les Winter, c’est la Suisse plus discrète des jardins ouvriers et de la Migros. Stéphane Winter décrit ici, restreinte à quelques personnes, l’intimité d’un tout petit monde, qu’il photographie depuis qu’il a 14 ans et s’amuse avec un appareil photographique — il l’a fait sans l’ambition de l’exposer publiquement ou d’en faire quelque chose de prétendument sérieux. C’est sans doute de cette sincérité que ce travail tire toute sa force.