Stéphane Duroy et Paulo Nozolino, ont en commun exigence et défiance eu égard à la capacité du medium photographique à rendre compte de la complexité du monde. Une écriture dépouillée, le refus de la dimension spectaculaire, l’économie d’images, sont des traits communs au travail réalisé dans le Centre Bretagne par les deux photographes. Ce travail interroge sans détour les pans « disqualifiés » d’une identité façonnée par des représentations et une imagerie relevant le plus souvent du « folklorisme ».
Les empreintes de vies ordinaires reléguées à la marge nous disent une autre « Histoire », celle d’un monde qui s’efface sans bruit, héritage d’une société paysanne en voie de disparition, interrogeant par la même les valeurs qui gouvernent nos sociétés contemporaines anthropocentrées et « virtualisées ».
Les photographes ont arpenté un espace rural parsemé « d’entreprises agricoles » de plus en plus vastes et de moins en moins nombreuses, émaillé de villages à la vie sociale exsangue.
Les images de Paulo Nozolino d’une densité dans les tirages et d’une rigueur tendant parfois vers l’abstraction, nous proposent dans leur continuum une réflexion sur les destinées des sociétés
humaines. L’absence de références factuelles sur le lieu de la prise de vue donne de plus au travail une dimension qui dépasse le strict cadre géographique et concerne bien au-delà de l’espace du Centre Bretagne.
Dans les photographies de Stéphane Duroy s’inscrivent, de manière plus concrète, la question du temps, de la singularité des lieux et la prégnance du fait religieux, fut-il de témoignage. Mêlant noir et blanc et couleur, Stéphane Duroy déploie son travail dans des écritures multiples avec toujours cette volonté d’être au plus juste dans ce rapport à une réalité dont le dévoilement est tout sauf évidence.