Dans ce travail, Alexandra Catiere se confronte à l’absence, à une présence qui ne peut plus être, dans un état d’instabilité où les temps se superposent, se confondent, s’entremêlent. Ses photographies n’ont pas de présent, elles nous invitent à mettre à distance notre quotidien, qui devient soudain trivial et trop convenu. Et ce qui est au-delà de nos certitudes, réaffirmées jour après jour dans nos univers si bien agencés, prend soudain le visage d’une humanité dérangeante parce que refoulée. Jour après jour, « nous passons notre chemin », pour ne pas nous laisser corrompre par ce qui n’est pas de notre entendement. Jusqu’à ce que le hasard, le destin, l’impromptu viennent mettre à bas notre bel échafaudage. Alors nos yeux peuvent de nouveau percevoir la complexité, la précarité, la fragilité de ce par quoi nous existons. La force du travail d’Alexandra Catiere est de nous mettre face à nous-mêmes, à l’autre, dans une altérité qui ne se veut ni obligeante, ni péremptoire. Elle nous confie son regard, comme une invitation à ne plus détourner les yeux.