J’arrive en Libye pour la première fois en décembre 2014. Ras-Jedir, à la frontière tunisienne, puis la ville de Zuwara, connue pour les départs et naufrages des bateaux de migrants qui partent pour l’Italie. Ceux qui vivent le fifty-fifty : la mort ou la vie. À Zuwara je rencontre Younes, 26 ans, ingénieur en télécommunication, devenu fixeur pour journalistes. Lors de notre première rencontre, Younes me pose une question à la fois bouleversante et pertinente : « Tu es là pour les migrants ou pour la guerre ? » Bouleversante car elle démontre les intentions des medias et l’intérêt qu’ils portent à l’égard de son pays. Pertinente, directe et sans détour car elle pose le contexte : une dissociation est-elle possible entre la guerre et le sort des migrants ? Le livre FIFTY-FIFTY conduit le spectateur dans un récit où se rejouent les rapports de visibilité et d’invisibilité entre des personnes qui cohabitent et se rencontrent pour le meilleur et pour le pire. Samuel Gratacap